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Planche sur le SYMBOLISME DE LA NAVIGATION

Trouvée en navigant sur Internet

 
« Homme Libre, toujours tu chériras la Mer »Baudelaire.


Je dédie cette Planche « Aux  Laboureurs de la Mer » de la Royale  de la  Marchande  de la Pêche et aux Plaisanciers qui naviguent.
           
Peu  de temps  après mon Initiation j’étais  à la passerelle d’un navire et là sur la table à cartes  j’observais  un compas  à pointes sèches et une règle que nous appelons Règle Cras, quelques jours avant le Frère Expert m’avait présenté ces outils, que de similitude entre ces outils de Marins et des Francs Maçons, je vais essayer de vous le démontrer. Je ne suis pas philosophe, mes Humanités je les ai faites à l’école de la vie à 17 ans, j’étais embarqué sur un chalutier de Grande Pêche, sur les Bancs de Terre Neuve.
                                                                                                                                                Il n’est pas de domaine et d’époque où  le symbolisme de la navigation ne puisse s’exprimer : dans le mythe, dans l’art, dans la littérature. La frontière entre le mythe et la réalité est souvent imprécise. Lorsque les historiens ont voulu l’aube de l’histoire, ils ont puisé dans les mythes, dans les légendes pour écrire une Histoire. Le mythe est le fondateur de la tradition et les Francs Maçons sont attachés à la Tradition. Notre Ordre est en effet  basé sur la tradition qui est transmise par l’Initiation et le Rituel. Ils sont de la plus haute importance, en Franc-Maçonnerie au 3eme degré nous avons le mythe d’Hiram, et dans notre Rituel le mythe de Noé. Le mythe donne une signification au monde et à l’existence humaine.

Le rapport des hommes avec la mer s’établit d’abord pour profiter des ressources  nourricières pêche où échanges.

L’origine de la navigation remonte aux premiers âges de  l’humanité 4000 AV  J.C au néolithique). Pendant des millénaires ce fut une pratique empirique, sans cartes ni boussole. Pourtant il semble que dès le début du X I I siècle avant J.C., les Phéniciens grâce à leur connaissance des vents aient parcouru toute la Méditerranée.

L’enjeu de la maîtrise des océans se conçoit aisément puisque le commerce, l’exploration et la conquête de nouveaux Territoires furent les principaux acteurs qui ont assuré la prospérité et le pouvoir des grandes puissances maritimes en leur permettant de développer leurs empires.

L’histoire de la navigation est liée à l’histoire de la civilisation. Dans chaque partie du monde les populations concevaient leur propre solution pour exploiter la force des vents : drakkars pour les vikings, felouques arabes, jonques et sampans des chinois, prao des polynésiens, pirogues des africains.

Les grands voyages et la découverte du monde furent conditionnés par les progrès techniques : la boussole par exemple, sous la forme  la plus simple d’une aiguille aimantée était sans doute connue en Chine depuis le début de notre ère (300 ans après J.C.) mais c’est seulement au XI siècle que les  marins chinois ou arabes ont commencé à  l’utiliser sous forme d’aiguille flottante comme complément de la navigation aux étoiles, en cas de mauvaise visibilité. Puis la marine musulmane l’a fait pénétrer dans le bassin  méditerranéen au XII siècle où son utilisation  devint systématique. La boussole proprement dite qui est l’association de l’aiguille flottante avec la rose des vents dans un réceptacle est très probablement l’invention des marins italiens du XIIIème siècle. La boussole indique le cap suivi, de même pour connaître le cap de notre conscience une méditation est utile. D’abord laisser nos pensées s’apaiser pour que l’alimentation de notre aiguille intérieure, préside aux mouvements de notre esprit. Aussi quand on est déboussolé, le plus important le plus précieux est de retrouver la paix dans son esprit et de maintenir le cap.

On peut aussi parler de la longue marche du Mille Marin.

En 350 av J.C. Aristote rédige un traité d’astronomie. On y trouve une affirmation pour le moins étonnante si l’on songe à ce qu’il faut posséder de connaissances en mathématiques, en géométrie et en astronomie pour la formuler. En effet, Aristote  prétend que l’une des dimensions de l’un des plus anciens stades grecs, égalait la 400.000ème partie de la circonférence terrestre. Or, cette dimension vaut exactement 100 mètres. Le mille marin est par définition la distance parcourue en mer lors du déplacement d’une minute sur le méridien.
   Un tour complet de la terre équivaut à 360° et correspond à 40.000 Kms , 60 minutes = 1 degré, donc 40.000Kms correspondent à 36o° soit 21.600 minutes.. 1 mille est donc égal à 40.000 sur 21.600 = 1852 . Le mille marin mesure donc 1852 m.

Un ouvrage d’Hérodote qui fut au contact au cours de son séjour  en Egypte avec des prêtres et des savants, utilise cette mesure, qui pourrait laisser présumer que les prêtres  Egyptiens la connaissaient. Ils pouvaient mesurer la longueur d’un degré de longitude dont la valeur égale à la  360ème partie  de la circonférence de la Terre  mesurée sur un méridien soit  111.136,530 mètres, la 60ème partie de cette grandeur vaut  1852,275 mètres ce qui correspond à la valeur du Mille Nautique universellement adoptée depuis les Grecs, et que de plus, ils étaient les seuls à connaître. Il est admis par tous les historiens des sciences qu’ils furent les seuls à transporter sur la surface terrestre les mesures astronomiques.

Comment  ne pas parler des étoiles, les premiers marins qui naviguaient à l’estime, se dirigeaient la nuit grâce aux étoiles . Surtout l’Etoile Polaire dans l’hémisphère nord qui est un guide pour les marins, les Pythagoriciens l’honoraient tout particulièrement. Pour nous Francs-Maçons nous avons notre Etoile Polaire que nous appelons l’Etoile Flamboyante qui est un symbole fort qui rayonne sur nos travaux, elle est l’emblème de la pensée libre et nous devons nous Francs-Maçons suivre l’étoile pour aller plus loin dans notre cheminement initiatique.
 
A l’empirisme antique se sont donc, petit  à petit, ajoutés des outils de plus en plus sophistiqués  jusqu’à  l’apparition des systèmes de radionavigation qui permettent une localisation rapide et précise en tout point des océans.
 
Naviguer signifie, au sens originel, se déplacer ou voyager  sur l’eau. Par extension c’est également l’art et la science de conduire un navire, l’art de se rendre d’un point à  un  autre par une route toujours contrôlée.

Les composantes  de la navigation appartiennent au monde des sciences aussi variées que le magnétisme, la trigonométrie, le phénomène des marées, les techniques récentes de  l’électronique.  Elle  repose donc sur des connaissances théoriques, mais aussi sur une pratique qui fait toute la différence, lorsqu’à bord du bateau, il faut résoudre de façon concrète les nécessités de la navigation. Le bateau est aussi une demeure, provisoire peut être, mais combien totale, l’homme y  est contenu, il est transporté.
           
Pour naviguer , le navigateur va devoir répondre à 2 questions :
Où suis je, où  vais je ? Autrement dit savoir faire le point et le traduire en coordonnées et savoir déterminer sa route. Il doit apprendre à se servir à se servir des instruments dont il dispose, on peut citer :
Pour faire sa route, les cartes, une règle, un compas à pointes sèches, un rapporteur. Pour suivre son cap un compas version marine que l’on appelle compas magnétique.
Pour faire le point, un compas de relèvement, un sextant, des tables de logarithmes, des radiophares, du Decca et maintenant du G.P.S ..Pour connaître sa vitesse un loch, pour la profondeur et la hauteur d’eau un sondeur.
           
La carte marine est le document de base, elle est née de l’utilisation de la boussole qui permet de mémoriser les caps à maintenir pour aller dans une direction voulue. La carte marine est au marin ce que les plans sont à l’architecte où aux bâtisseurs. Au 13 ème siècle l’essor remarquable du trafic en Méditerranée suscite l’apparition d’une carte nautique accompagnant le portulan qui est l’ancêtre de nos instructions nautiques et l’héritage des périples de l’antiquité. C’est un livre qui contient une description des côtes, les indications  des ports et leurs distances entre eux ;
La carte moderne est la synthèse scientifique mais théorique de  Ptolémée et du portulan exact mais empirique. Elle donne une représentation graphique très précise de la mer et des côtes. Grâces à des courbes de niveau (isobathes) qui figurent le relief sous-marin, elle répond à la question « Que se cache-t-il sous la surface ? » Elle comporte aussi de nombreuses informations nécessaires à la navigation (Amers, balisage, feux courants) qui apparaissent sous formes de symboles conventionnels ou d’abréviations qu’il faut savoir repérer et déchiffrer sans erreur, la lecture de la carte nécessite donc un certain apprentissage.

Les livres que l’on appelle « Instructions Nautiques »sont en quelque sorte la légende détaillée de la carte, elles sont le fruit d’une expérience qui remonte à la nuit des temps, la somme des observations faites sous toutes les latitudes par des générations de marins. Constamment vérifiés, mises à jour, enrichies, elles constituent un document irremplaçable.

Aux connaissances secrètes  et mystérieuses  des « Pilotes » d’autrefois s’est ainsi substituée une documentation détaillée.
             
Le système de repérage sur la carte est simple, il s’agit d’un quadrillage de parallèles et de méridiens qui permettent de déterminer une latitude et une longitude, c’est a dire des coordonnées. Ce sont des mesures d’angles par rapport aux plans de l’équateur et du méridien de Greenwich.

Dès qu’Eratosthène a su mesurer la circonférence de la Terre, il a pu trouver la Latitude de n’importe quel point sur la terre.

En ce qui concerne  la longitude son calcul est plus difficile car il est lié au temps. Il ne pouvait se faire en mer sans une horloge  de marine  performante qui garde sans se dérégler l’heure du point de départ. C’est au 18ème siècle que fut mis au point le chronomètre de marine, permettant des mesures exactes.
           
A partir de son point de départ, le navigateur doit tenir l’estime ce qui consiste à reporter régulièrement sur la carte les caps suivis et les distances parcourues, en tenant compte de la dérive due au vent et aux courants. Pour confirmer cette estimée, il doit faire le point. Il se sert en navigation côtière, de points de repère sur la côte, les amers, en pleine mer il aura recours aux astres. Aujourd’hui, grâce aux satellites, on dispose du GPS qui donne des coordonnées précises du bateau  et de sa vitesse.

Sur terre, on trouve des routes avec des poteaux indicateurs qui nous aident a nous diriger. En mer, la route est à inventer. C’est  un espace libre  entre des zones dûment balisées. Les documents, les points de repère dont on dispose, les techniques qui permettent de se situer sont en quelque  sorte les garants de cette liberté essentielle ,pour se rendre d’un point à un autre, c’est à chacun d’imaginer sa route  selon les circonstances. Celles-ci évoluent constamment, hauteur d’eau, courant qui s’inverse, vent qui  fraîchit  la brume qui vient. Elles imposent avant le départ un travail minutieux, on a le droit de choisir sa route, encore faut-il s’assurer que le route choisie est possible, raisonnable et contrôlable en toute circonstance, qu’elle comporte au besoin des solutions de rechange . La sagesse du navigateur est de choisir sa route pas nécessairement la plus courte, mais la plus sûre ou la plus simple.
                       
Comme nous l’avons vu, le navigateur est lui aussi l’héritier de connaissances antiques, les observations et les découvertes scientifiques faites au cours des siècles  lui ont  permis d’aller toujours plus loin en toute sécurité.
En particulier, il met en pratique la connaissance, lire un cap, c’est connaître un angle, celui entre l’axe longitudinal du bateau et la direction du  nord. En navigation astronomique, ce sont des hauteurs d’astres qui sont estimées. (Les éphémérides sont le résultat de calculs trigonométriques). Cinquième des sciences selon la classification médiévale des sept sciences libérales ou arts libéraux. Dans les manuscrits de Régius et Cooke, la géométrie  est définie comme « L’Art de mesurer toutes choses sur la Terre et dans le Ciel ».

Pour Béresniak  « Cet art de mesurer toutes choses se cultive par l’art du tracé, mais va bien au delà. C’est l’art de compter, de comparer, de réunir, de mettre en rapport bref, l’art de penser » Apprendre à penser, se détacher des préjugés, c’est se débarrasser de ses métaux, c’est apprendre à devenir un homme libre.
 
C’est en pensant sa route que le marin  à la liberté d’aller sans danger partout où il lui est possible d’aller .
Oswald WIRTH  nous dit je cite :
 « Ce qui caractérise un art, au sens le plus étendu  du mot, c’est  que  le premier venu n’est pas à même de l’exercer. Il faut acquérir une habilité spéciale, en développant des aptitudes que chacun ne possède pas ». L’art de la navigation , aussi nécessite une initiation, un apprentissage. Le navigateur doit notamment apprendre à se servir des outils dont il dispose. Parmi ses outils : la Règle et le Compas .
D’une façon générale ces outils, l’un générateur du cercle, l’autre de la ligne droite, permettent à eux deux de tracer toutes les figures géométriques, avec une pointe traçante, le compas peut tracer des cercles, arcs, rosaces, autant de figures dans lesquelles il détermine des points d’intersections, ces points sont des repères pour tracer des droites à l’aide d’une règle.
 
Les marins Francs Maçons ont pour ces outils un penchant sentimental. En effet, ils sont en permanence sur la table des cartes à la passerelle d’un navire.
           
L’équerre dans la marine  française est devenue la Règle de l’Amiral Cras, dans les marines « étrangères » on utilise la règle parallèle, c’est au marin ce que l’équerre est au Franc Maçon. La règle est l’instrument de construction, elle  symbolise le perfectionnement, parce qu’elle sert à tracer des lignes droites elle est symbole de rectitude. Elle est divisée en 24° correspondant aux divisions du cycle solaire quotidien, nombre de divisions par les méridiens que l’on retrouve sur un planisphère.                                         

Le compas figure la pensée qui dessine les cercles du monde. C’est l’emblème du savoir il symbolise l’exactitude, l’écartement de ses branches et leur rapprochement  figurent les divers modes. de raisonnement qui, selon les circonstances, doivent être abondants et larges ou précis et serrés mais toujours clairs et persuasifs.

En Franc Maçonnerie ce sont des outils actifs qui se rapportent à l’esprit, le compas  symbolise l’esprit de mesure, la règle la précision dans l’exécution. Ces notions sont communes au marin qui doit connaître ses limites et analyser les conditions qu’il peut rencontrer sur sa route avant de se lancer dans une traversée. Il met en pratique ses connaissances avec rigueur pour faire sa route en  sécurité et arriver a bon port .
Ces outils symbolisent donc les qualités dont doivent faire preuve le franc Maçon et le navigateur.
           
Lorsque le navigateur vient du large à l’approche des côtes, de nuit il aperçoit des lumières qui sont des éclats où des scintillements, ce sont les phares. L’origine des phares se confond avec celle de la grande navigation. Dès que les premiers marins ont affronté la mer la nuit, la nécessité d’une signalisation s’est imposé. Ce mot phare vient de Pharos une île située aux portes d’Alexandrie où fut bâtie 286 ans avant J .C. une tour de 135 mètres surmonté d’un feu pour guider les marins dans les récifs. Cette tour n’avait pas de nom, mais les marins avaient coutume de dire   «  Je vois le feu de Pharos » .Le mot phare resta et c’est l’origine de ce mot devenu nom commun dans notre langue. Isis déesse de la lumière dont le temple s’élevait sur l’île et dont la statue portait le soleil sur la tête fit germer dans l’esprit des savants alexandrins une idée de génie, construire à l’image d’Isis une grande tour surmontée d’un feu pour guider les marins . Dans l’antiquité le phare d’Alexandrie fut compté au nombre des 7 merveilles du monde. Les premiers chrétiens transformèrent Isis en Catherine, la radieuse, la lumineuse du mot grec Catharos. Ces phares permettent au marin malgré les appareils de navigation modernes de faire des points précis par des relèvements.
 
 Montaigne a écrit je cite : « Notre esprit erre dans les ténèbres privé de lumière, il ne peut voir la vérité. »
                       
Pour nous Francs Maçons qui avons reçu la lumière le jour de notre Initiation, cette lumière qui nous guide, Lumière outil, lumière idéale, la vraie difficulté est de  savoir l’utiliser . La lumière Maçonnique  est par sa signification la base totale de liberté.

Henri QUEFFELEC dans son ouvrage « Un feu s’allume sur la mer. » écrit « Chaque fois que la nuit tombe sur la Terre, des lampes merveilleuses s’allument sur la mer contre vents et marées, ce sont les lampes de Fraternité. »
Cette Fraternité  que nous Francs Maçons essayons de mettre en pratique car notre ordre est basé sur la Fraternité.
Pour les marins la Fraternité s’allie à la solidarité. La solidarité est un principe fondamental  de la maçonnerie, la solidarité des gens de mer est inhérente a leur métier. On peut dire que fraternité et solidarité sont la cargaison d’un marin Franc Maçon.
La similitude et les principes entre  les marins et les Francs Maçons est une réalité. La Franc Maçonnerie est universelle, ces règles sont universelles, pour les gens de mer les lois de la mer sont universelles cette double universalité par lesquelles tous les hommes sont concernés.
Le navigateur est un cherchant il participe à une initiation, à une prise de conscience, il est rare que le marin revienne de mer sans avoir appris quelque chose de nouveau. Cette navigation avec son symbolisme possède un langage qui lui est propre, c’est un art qui réclame tout à la fois rigueur et intuition, prudence et hardiesse, humilité et obstination.

Le Franc Maçon est lui aussi en chemin d’initiation. L’initiation est une route qu’il faut s’efforcer de suivre  malgré les embûches une route qui ne supporte pas l’immobilisme ni le confort, Le Franc Maçon est un homme comme les autres mais placé entre l’équerre et le compas, entre la réalité et l’idéal ; qu’il nous faut aller de toutes nos forces vers notre idéal, c’est notre voyage Oswald WIRTH écrit « A force  de parcourir le monde en tous sens, afin de s’instruire de tous les secrets de son Art, le Franc maçon ne pouvait manquer d’acquérir une vaste expérience, dont il ne demandait qu’a faire profiter ses Frères ».

Mes frères, le voyage se termine, et comme il n’y a pas de belle histoire qui ne s’achève sur une belle image. Imaginons celle d’un navire battant pavillon Maçonnique au long d’une traversée qui durera tant qu’il y aura des hommes en quête de paix, d’espoir, de liberté, d’égalité, de fraternité .

Vénérable Maître j’ai dit .
Ange L:.  

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