R∴L∴ PETIT PRINCE
EST 6013
L∴ LIBRE D'AVIATEURS DE NOE
Navigation du 1er décembre 6018
Le Soleil et la Lune
Deux astres, deux luminaires, deux symboles.
Mais je ne vais pas ce soir me diriger vers des explications académiques.
Non, ce titre m’a tout simplement ramené de nombreuses années en arrière
quand, jeune élève pilote, j’ai eu à traiter dans mes cours théoriques et pratiques
de Navigation du Soleil et de la Lune. La Lune fut d’ailleurs l’une de mes
questions de cours lors de mon oral d’examen de pilote de ligne dans le bâtiment
de l’ENAC à Orly.... Et oui nous étions encore en 1968.
Vous voyez immédiatement quelle résonance pour moi d’avoir à parler aujourd’hui
bien différemment de ces deux astres. Bien différemment ? pas tant que ça. ...
Vous voici maintenant pilote ou même marin. Et vous êtes en charge de faire le
POINT à bord du navire qui vogue ... Ah, voilà ... ça commence, avec quelque
chose de précis pour un Franc-Maçon, le POINT.
La précision des outils de mesure a évolué avec le temps. Une méthode simple et
lointaine mais très approximative est de lever la main avec le bras tendu. La
largeur d'un doigt correspondant environ à 1,5° d’arc. La nécessité de disposer
d'outils de mesure plus précis a entrainé le développement de nombreux outils de
plus en plus performant, le bâton de Jacob (ou arbalestrille), le kamal des
navigateurs arabes, le quadrant, l'astrolabe, l'octant et enfin le sextant, qui permet
par un jeu de miroirs de mesurer la hauteur de l'astre au-dessus de l'horizon avec
une bonne précision.
Gardons pour faire ce point profane, l’outil idéal, le sextant. Et que peut-on obtenir
avec un sextant ... une DROITE DE HAUTEUR
.... Nous n’avons besoin pour y
parvenir que de deux éléments en plus de notre sextant, des tables éphémérides
et une montre très précise qui nous donnera le TEMPS, le temps qui défile, le
temps linéaire, mais le temps absolument précis. Nous voilà déjà dans la
précision et la rigueur. Et qu’allons-nous définir avec cette droite de hauteur ? un
pied d’ASTRE. Il peut être solaire, lunaire ou donné par un autre des astres de la
VOUTE CÉLESTE. Ce pied d’astre va, une fois porté sur la surface terrestre, déterminer un centre puis un CERCLE, tiens, tiens ... Ce cercle représentera l’ensemble des points de la surface terrestre depuis lesquels on pourra voir sous un même angle le luminaire choisi. Il nous suffira ensuite de répéter cette observation plusieurs fois en des temps différents de la journée, en particulier, le
matin, le midi et le soir pour dessiner des cercles sécants sur la surface du globe,
cercles dont les différentes intersections, au cours de la navigation, nous
permettront de définir nos positions successives avec une précision toute
relative.
Ces axes entre astres et pieds d’astres, ne sont ils pas orientés du Nadir au
Zénith ? et quel fil à plomb n’est-il pas tendu entre l’astre et son pied ?
Allons encore un peu plus loin dans la pratique du point. C’est justement le Soleil
qui est le plus utilisé. Prenons notre sextant en main et tout naturellement nous
allons le tenir par l’alidade puis faire notre visée dans un PETIT MIROIR, pour
poser d’une manière tangentielle à l’aide du GRAND MIROIR, le bas (ou le haut)
du Soleil sur l’horizon. Quand je vous disais, que nous sommes dans une pratique
symbolique ... En déplaçant l’alidade sur l’arc de cercle du Sextant que l’on
nomme le Limbe, au pied de ce sextant, en «posant» grâce au mouvement de
l’alidade dans notre visée avec le miroir, le bord inférieur du Soleil sur l’horizon,
nous mesurons avec une immense précision les degrés de cet angle dont nous
allons nous servir pour ensuite, ouvrir notre COMPAS et TRACER
sur la carte notre CERCLE.
Mais encore un indice plutôt symbolique, pour bien réaliser lamesure, il vous faudra vous tenir
parfaitement droit, le sextant bien calé dans les mains, comme à l’ORDRE, malgré tangage et roulis.
Du lever du Soleil au crépuscule et du crépuscule au lever du Soleil, les visées
seront nombreuses mais la référence principale sera la
visée méridienne, celle du Soleil à MIDI. De Midi à Minuit
et de Minuit à Midi....
Je crois que vous avez compris que sans notre Soleil ou à défaut sans notre
Lune, nos navigateurs n’auraient jamais atteint les côtes inconnues qu’ils
recherchaient et nos pilotes de l’Aéropostale auraient eu beaucoup de mal à
traverser l’Atlantique Sud.
J’ai eu le bonheur de pratiquer ces visées en avion et j’avoue très humblement
que c’était vraiment une affaire de spécialistes et pas du tout une affaire d’élève.
Mais ce qui permettait aux navigateurs de connaître leur «latitude» c’est à dire
sur quel parallèle ils se trouvaient, ne leur permettait pas de trouver leur position
exacte en une seule visée. Il manquait ... la longitude, c’est à dire l’arc vertical
reliant le pôle nord au pôle sud croisant la latitude nécessaire.
La Longitude, clé de la position exacte réclame une précision quasi absolue quant
à l’heure. Et de plus il faut imaginer une longitude «
Zéro», une longitude «référence». Celle-ci fut successivement placée à Cadix, Paris, Naples ou même Cracovie et pour finir à Greenwich en 1884. On savait déjà que la circonférence
de la Terre est de 40 000 km à l’Équateur. Pour 360 ° on trouve par degré de
séparation entre deux degrés de longitude 40000 / 360 = 111 km environ.
Connaissant l’heure locale de départ par rapport au méridien de référence, on
pouvait estimer grâce à une montre précise, l’écart en nombre de degrés, et
dixième de degrés de longitude, donc une distance.
L‘heure recherchée était celle connue à cette position zéro, et en partant ensuite
de la longueur de l’Équateur, on obtenait une distance sur ce grand arc, sur ce
méridien.
Les marins du 16ème siècle ne connaissaient pas encore le temps sacré mais ils
avaient besoin du «Temps » profane le plus précis possible. Ce fut l’origine des
montres les plus précises que l’on connaît aujourd’hui.
La lecture d'un sextant bien réglé permet une précision de 0,2' d'arc. En théorie,
un observateur peut donc déterminer sa position avec une précision de 0,2
miles marins, soit environ 360 m. Dans la pratique, les navigateurs obtiennent une
précision de l'ordre de 1 ou 2 milles marins (mouvements du navire, houle,
horizon plus ou moins net, imprécisions de l'heure).
Mais revenons à notre Loge, à nos symboles proprement dits.
Le chemin que parcoure un navigateur dans notre monde sacré est un long
chemin de Vérité, long, très long, peu sûr, et parfois même chargé de mystère.
Comme ce pilote tombé dans le désert et animé par le doute.
Comment vais-je m’en sortir? Ce désert est symboliquement un désert moral où
l’isolement est propice à la prise de conscience, à la réflexion, à la mise à nu. Les
acquis deviennent inutiles et les certitudes n’existent plus. Ce désert peut devenir
au choix une tombe ou un lieu de lutte. La lutte pour la survie dans ce milieu
hostile demande un vrai combat avec soi-même, un dépassement de soi, une
synergie entre le soi et les éléments hostiles. Lutte contre notre propre ego. Le
petit Prince surgit et dit «ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits
quelque part». Et il rajoute, «j’ai soif de cette eau là». Et là, l’auteur, St Ex,
comprend ce qu’il veut dire. C’est dans le puits qui est en chacun de nous que se
trouve l’eau qui dissimule ou symbolise notre propre Vérité. Il ne nous reste qu’à
trouver notre propre puits et à y puiser l’eau que nous voulons boire.
Saint Ex lui-même écrit :
J’ai toujours aimé le désert, On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien, on
n’entend rien et cependant quelque chose rayonne en silence. Ce qu’il y a de beau dans le
désert, c’est qu’il cache un puits quelque part.
C’est en voulant chercher ce puits que le Petit Prince quittera son astéroïde B 612
pour visiter les autres astéroïdes. En particulier, quand il découvre l’astéroïde du
Géographe, savant qui connaît tous les fleuves, les terres, les déserts,mais dont
le travail sans un explorateur ou un navigateur à sa disposition pour les visiter
devient inutile
Et c’est peut-être ce chemin symbolique que les premiers navigateurs ont cherché
à suivre. Mais le but de ces voyages n’est pas forcément de chercher un ailleurs
lointain. Le but de ces voyages est de se découvrir Soi-même dans sa propre
Vérité, de poser un regard sur les Autres, de convertir son regard de profane en
regard d’initié. Avant de conclure et pour susciter une réflexion, je voudrais vous lire une phrase
tirée de l’Apocalypse de Jean :
«Un matin se lèvera le Soleil justicier et ce sera la résurrection des morts et
le Jugement Dernier
La Jérusalem céleste descendra du Ciel, rayonnante
Il n’y aura plus de Jour, il n’y aura plus de Nuit
Le Soleil et la Lune seront devenus inutiles, deux anges les enlèveront.»
Encore une fois, la Loi céleste s’applique, un nouveau cycle est prêt à
recommencer.
Apprenti nous le resterons à jamais et c’est bien là une des leçons de notre
initiation, placé sur le pavé mosaïque en recherche permanente, comme tous les
navigateurs, entre le Soleil et la Lune.
J’ai dit, Père Noé.