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Planche sur LE PETIT PRINCE

PLANCHE D'UNE SOEUR DE LA LOGE LIBRE "IMOTEPH" DE NICE SUR "LE PETIT PRINCE" 



Lue sur le Portail des Loges Libres : une planche d'une soeur d' IMOTEPH de Nice.

http://leslogeslibres.blogspot.fr/2010/03/planche-dune-soeur-de-la-loge-libre.html

"J’avais lu le PETIT PRINCE vers l’âge de 12-13 ANS à la préadolescence, période de la vie où l’enfance glisse imperceptiblement vers l’âge adulte, l’âge des grandes personnes pour reprendre les mots de l’auteur. J’en avais gardé le souvenir d’un conte frais, sensible, merveilleux grâce à la présence d’un petit garçon à la chevelure d’or, au rire cristallin, au caractère bien trempé, d’une jolie rose coquette et capricieuse et d’un petit renard rusé à la recherche d’un ami.
A la relecture de ce petit roman je me suis rendue compte que j’étais passée à côté de l’essentiel, car c’est en réalité le récit d’une quête, une histoire de doutes et d’errance à la recherche du sens de la vie, de notre vie.
Mon approche aujourd’hui ne sera pas une approche chronologique (quoique), je tenterai de suivre une approche symbolique.

Les personnages principaux sont :
- Le Pilote tombé du ciel dans le désert. En panne de moteur sa première mission concrète est celle de réparer son avion car pour lui c’est une question de survie. Il représente l’homme, semence céleste (et par extension nous-mêmes) perdu dans le désert de la non connaissance. A lui, (et par extension, à nous) de sortir de cette ignorance à l’aide de notre raison et surtout de notre cœur.
-L’Enfant appelé « Le Petit Prince » est tombé, lui aussi, du ciel. Il est beau, curieux, plein de sagesse et de maturité. Il représente la spontanéité, la fraicheur, la naïveté, le cœur, et surtout l’amour.
-Le Renard habituellement associé à la flatterie, au mensonge, à la malice et à la ruse est dans ce contexte un guide car en dehors de son appétit pour les poules il a de l’appétit pour autre chose : il cherche un ami pour que sa vie soit ensoleillée.

L’histoire commence, donc, par un état de crise : un avion en détresse qui se pose dans le désert.
Qui n’a pas connu des moments de doutes, de périodes douloureuses, de crise morale, où tout nous abandonne, où l’on s’abandonne, ou l’on a l’impression de toucher le fond du fond ? Nous nous trouvons, alors, dans un véritable désert moral. Lui, le pilote, après un atterrissage forcé, se trouve dans un lieu d’isolement propice à la prise de conscience, à la réflexion, à la mise à nu où les acquis deviennent inutiles et où les certitudes n’existent plus.
C’est un lieu qui nécessite la conjonction des forces physiques et morales car il s’agit d’un dépassement de soi à 2 niveaux : Sans mouvement (donc force physique) la disparition de la matière ou mort est certaine. La force morale permet la relativité, la recherche de l’essentiel, la redécouverte du vrai sens de son intériorité.
Ce lieu de lutte pour la survie demande, donc, des efforts, un réel dépassement de soi, une synergie entre le soi et les éléments naturels, hostiles : il faut avancer pour trouver de l‘eau, pour boire. Mais cela demande aussi un vrai combat avec soi-même pour lutter contre nos vieux démons, à savoir notre propre ego. De quelle eau s’agit-il donc? « Ce qui embellit le désert, dit le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part. » Véritable lieu de vie le puits et sa corde permettent la remontée de l’eau contenue au profond de la terre-mère. Et la corde peut être comparée au cordon ombilical qui relie la mère et l’enfant, contenant ainsi toute la substance nécessaire à la vie. L’eau que contient ce puit est bonne, car elle contient tout à la fois : la recherche, l’attente, le doute, la marche sous les étoiles, les efforts pour hisser le seau jusqu’à la margelle : « j’ai soif de cette eau-là dit le Petit Prince, Et je compris, dira l’auteur, ce qu’il avait cherché! Il but les yeux fermés. C’était doux comme une fête. Cette eau était bien autre chose qu’un aliment. Elle était née de la marche sous les étoiles, du chant de la poulie, de l’effort de mes bras. Elle était bonne pour le cœur comme un cadeau. » . Cette eau se gagne, elle est profonde : il faut d‘abord descendre pour que l’eau monte ensuite, l’eau montante est la base nourrissant la conscience. Elle n’est pas un dû mais une récompense et c’est dans l’eau du puits de chacun qu’est dissimulée la vérité, à nous donc de la puiser.

Mais qui est ce Petit Prince?
On apprend qu’il vit sur une planète « l’Astéroïde B612 « à peine plus grande qu’une maison »; ses activités principales consistent à ramoner les volcans, même celui qui est éteint, et à couper les baobabs pour qu’ils n’envahissent pas sa planète. Car les graines de baobabs sont d’abord invisibles, elles croissent timidement comme des pousses de rosiers envahissant tout si l’on n’y prend pas garde et devenues baobabs elles font éclater la planète. Ces travaux quoique répétitifs, très ennuyeux et faciles sont nécessaires. Les baobabs sont donc trompeurs : comparables aux pousses de rosiers ils ne sont, en réalité, que des mauvaises herbes qui risquent de tout envahir et de tout détruire. Ces baobabs ne représentent-ils pas nos colères, nos pensées négatives, nos émotions destructrices, soit tout simplement notre égo? Par discipline surveillons donc les volcans, même ceux qui sont éteints et soyons donc persévérants et vigilants envers les baobabs, on pourrait même dire « nos baobabs ». « VIGILANCE et PERSEVERANCE » me resituent dans le du Cabinet de Réflexion, véritable lieu d’isolement au moment de l’initiation.
Après ces activités, il va contempler le coucher de soleil ; Ce qui fera dire à l’auteur «Ah! Petit Prince, j ‘ai compris, peu à peu, ainsi ta petite vie mélancolique. Tu n’avais eu longtemps que pour distraction la douceur des couchers de soleil ».
Et puis un beau jour il assiste à la naissance d’une rose superbe, elle vient ensoleiller sa vie : mais elle est orgueilleuse, coquette, vaniteuse et exigeante et, aussi, un peu menteuse; le petit Prince découvre, alors, que l’amour peut avoir des épines. Et malgré toute sa bonne volonté, tout son amour il doute de sa rose « Je n’ai alors rien su comprendre, j’aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots……. J’étais trop jeune pour savoir l’aimer ».

Il décide de quitter sa planète et d’aller explorer les étoiles, en quête d’amis, et « Il profita pour son évasion d’une migration d’oiseaux sauvages ». Il va donc faire un voyage de planète en planète. Il visitera 7 planètes, dont la terre. Le chiffre 7 « désigne - pour reprendre une partie de la définition de Jean Chevalier - la totalité des ordres planétaires et angéliques, la totalité des demeures célestes, la totalité de l’ordre moral, la totalité des énergies et principalement dans l’ordre spirituel. Il était chez les Egyptiens symbole de vie éternelle. Il symbolise un cycle complet, une perfection dynamique. »
-La première planète visitée est celle d’un ROI « habillé de pourpre et d’hermine » qui siège « sur un trône très simple et cependant majestueux ». Il vit seul, n ‘a aucun sujet, et pourtant il ordonne. Il compense sa solitude par un despotisme illusoire. Il représente l’un des mauvais aspect de notre égo : le besoin de dominer, d’exiger, de commander pour exister, pour« ETRE ».
-La deuxième est habitée par un VANITEUX en quête de séduction permanente « Est-ce que tu m’admires vraiment beaucoup » demandera-t-il au Petit Prince, c’est-à-dire que « tu reconnais que je suis l’homme le plus beau, le mieux habillé, le plus riche et le plus intelligent de la planète »
Pour lui seul le paraître est essentiel, l’intériorité invisible n’a pas d’intérêt. C’est le PARAITRE par excellence.
-La troisième planète est habitée par un BUVEUR qui fuit sa solitude dans le contenu de son verre. Il boit pour oublier, pour oublier qu’il boit, il a même oublié pourquoi il boit.
Il est très malheureux, « il boit pour oublier qu’il a honte » dira-t-il.
C’est en réalité un malade de solitude qui a perdu son centre de gravité, ou pourrait dire que c‘est un malade de l‘Amour cherchant un pseudo équilibre dans un paradis artificiel. C’est la SOLITUDE à l’état pur. C’est un SOS silencieux très pathétique et personne pour lui lancer la bouée. Qu’attendons-nous?
-La quatrième planète est celle du BUSINESSMAN, il est si occupé « qu’il ne lève même pas la tête à l’arrivée du Petit Prince », Il est tellement sérieux qu’il « n’a pas le temps de rêvasser » Mais que fait-il donc? Il compte; mais que compte-t-il donc? Il compte les étoiles qui l’entourent, il les gère, il les recompte, il les additionne pour connaître le montant de son avoir.
C’est l’image parfaite du solitaire, de l’avare qui compense sa pauvreté intérieure par la possession, par la richesse matérielle. Posons nous ces 2 questions : n’avons-nous jamais ressenti de l’ORGUEIL, par exemple lors d’une promotion professionnelle qui nous permettra d‘acquérir un bien que nous convoitons depuis un certain temps? N’avons-nous jamais été tentés par l’ACQUISITION, la POSSESSION ? Et ORGUEIL et POSSESSION ne sont-ils pas encore des travers de notre ego ?
-La cinquième planète est habitée par un ALLUMEUR de réverbères qui exerce une occupation très jolie, puisque quand « il allume son réverbère, c’est comme si il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l’étoile »…… mais il ne fait qu’appliquer la consigne et les conditions de l’environnement ont changé : « la planète d’année en année a tourné de plus en plus vite et la consigne, elle, n’a pas changé ». Si bien que l’allumeur de réverbère n’a plus une minute de repos : il allume, il éteint, il allume, il éteint….. Il est devenu un véritable robot qui ne sait qu‘« appliquer la consigne ». C’est l’homme paramétré incapable de réfléchir dont le devoir est d’appliquer uniquement le règlement au titre de l’obéissance, allant peut-être, pourquoi pas, jusqu’à devenir bourreau.
-La sixième planète est habitée par un GEOGRAPHE.
Un géographe c’est « un savant qui connaît où se trouvent les mers, les fleuves, les villes, les montagnes et les déserts » mais dont le travail sans explorateur devient inutile. Conscient de son inutilité il attend sérieusement et patiemment la visite d’explorateurs fournissant des preuves de leurs découvertes, car le géographe n’écrit que « des choses éternelles et non éphémères ».
C’est lui qui conseille au Petit Prince de se rendre sur la planète Terre car « elle a une bonne réputation ».

La première partie du voyage effectuée en 6 étapes rappelle, ainsi, les 6 jours de la création.
Nous constatons que tous ces personnages visités ont des points communs : la solitude, une existence dépourvue de sens profond, une vie dans l’IMMEDIATETE.
Les travers de ces personnages ne correspond-ils pas à notre portrait dans un miroir, ne retrouvons- nous pas les tendances de notre égo?
-Toujours en quête d’amis, le petit prince arrive sur la septième planète : la planète TERRE.
Sur celle-ci on y trouve des centaines de rois, des géographes, des businessmen, des millions d’ivrognes, des millions de vaniteux, des allumeurs de réverbères, des milliards de grandes personnes, mais aussi des milliers de baobabs et des milliers de roses.
Pourtant ce premier contact est décevant : atterrissant dans le désert il fut très surpris de n’y rencontrer personne. Mais c’est là qu’il rencontrera plusieurs personnages qui l’aideront dans sa quête. Tout comme l’apprenti-maçon qui burine sa pierre brute, il lui faudra encore du temps, de la patience, de la conviction pour continuer sa marche et sa démarche.
Il y rencontrera l’écho qui ne lui renvoie que l‘image de sa propre angoisse, une fleur « à 3 pétales, une fleur de rien du tout », un jardin de 5000 roses qui lui rappelle SA rose, un aiguilleur qui expédie des trains « tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche »contenant des voyageurs « par paquets de mille » qui ne savent plus ce qu’ils cherchent, un marchand de « pilules perfectionnées qui apaisent la soif ».

Sur sa route, heureusement, il va croiser 3 personnages essentiels : un serpent, un pilote, et un renard.
-Le Serpent, jaune couleur de lumière, fut sa première rencontre.
Cette créature reconnue comme une créature froide, sans pattes, ni plumes, ni poils qui jaillit toujours d’une bouche d’ombre, pour cracher la mort ou la vie, avant de retourner à l’invisible va proposer son aide au Petit Prince pour rejoindre sa planète originelle car « il est pur et vient d’une étoile ».
Le symbolisme utilisé est d’une adéquation extraordinaire car avant qu’il ne soit détrôné par les religions le serpent visible, pour reprendre Jean Chevalier, apparaissait comme « la brève incarnation d’un Grand Serpent Invisible, causal et intemporel, maître du principe vital et de toutes les forces de la nature. Il est-ce qui anime et ce qui maintient, il est la Vie.
-Le Pilote est l’homme prétexte de ce mono-dialogue. Il est en réalité le double du Petit Prince. Il en est l’enveloppe et le Petit Prince en est le cœur. Ils ne font qu’un. La réparation de l’avion a permis la remise en marche du moteur, le voyage du Petit Prince est la remise en ordre de l’âme de l’homme, parcelle divine.
-Le Renard, lui, sera son guide il le mettra sur la voie en lui demandant de l’apprivoiser.
Car il sait, lui, ce qui lui manque : il lui manque un ami, il veut être aimé, il veut être apprivoisé car « on ne connaît que les choses que l’on apprivoise. Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent les choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis » .Et pour cela il connait la valeur des astuces, des « rites », il faut qu’il y ait une mise en harmonie avec l’autre, lui donner de soi, de son temps. L’intelligence apprivoisée par l’Amour permettra de dépasser la matière, de vivre tout simplement, car ce qui est important ne se voit pas avec les yeux mais avec le cœur « on ne voit bien qu’avec le cœur, L’essentiel est invisible pour les yeux ».
A leur séparation le Renard lui délivrera ce secret « tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé » Et même s’il pleure quand ils se séparent (ses larmes symbolisant la sensibilité du cœur éveillé, apprivoisé et aimé) il saura en regardant les blés d’or, que ces blés sont la présence dorée de l’enfant et que l’amour est partout.

Et pour le Petit Prince le temps de la quête est terminé.
Son cheminement personnel parsemé d’embûches, ses questionnements, ses rencontres successives ont participé à la montée de sa conscience latente. Il a découvert que l’on va souvent chercher loin, très loin, ailleurs ce qui est à la portée de notre regard, le superficiel masquant l’essentiel, il sait maintenant que sa rose est unique, puisque « c’est elle que j’ai mise sous globe, c’est elle que j’ai abritée par le paravent, c’est elle dont j’ai tué les chenilles (sauf 2 ou 3 pour les papillons), puisque c’est elle que j’ai écouté se plaindre, ou se vanter ou même quelque fois se taire, puisque c’est MA ROSE »

Cela fait un an que le Petit Prince est sur terre, son étoile est juste au-dessus de l’endroit où il est tombé. Petit corps de lumière il va se faire mourir dans l’apparence par le serpent pour se déplacer dans l’espace : « j’aurai l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai… Tu comprends. C‘est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps là. C‘est trop lourd»
Mais une question me taraude : qu’en est-il du mouton? Bien sûr qu’il accompagne le Petit Prince sans muselière car il sera tout à la fois l’apprivoisé du Petit Prince et le compagnon de jeu de la Rose. La rose symbole de l’amour et plus encore, symbole du don de l’amour, de l’amour pur. Et lorsque le pilote ouvrira sa fenêtre, comme ça pour le plaisir ou parce qu’il est triste d’avoir perdu son ami, il entendra le rire des étoiles accompagné du rire de la rose et du petit mouton, et il aura alors, lui aussi, envie de rire, et il rira en regardant le ciel au grand étonnement de ses amis et alors il leur dira « oui, les étoiles ça me fait toujours rire » et « ce sera comme une fontaine dans le désert », véritable source de vie.

Ce petit roman pourrait être sous-titré le « Miracle de l’Amour ».
Il s’agit d’un véritable chemin initiatique et le parallèle entre le cabinet de réflexion et le désert me semble évident; Ce sont deux lieux d’isolement, de mise à nu, de réflexion permettant la méditation où il est possible d’arrêter le temps et de stopper le monde dans le silence et le recueillement. Dans les 2 cas tous les ingrédients sont là pour permettre l’éveil de la conscience. L’arrêt du pilote dans le désert lui a permis sa reconstruction par la rencontre de l’Amour donc de la lumière. Dans le cabinet de réflexion, sas entre 2 mondes, nous avons commencé un voyage qui nous conduira au cœur du temple et nous permettra de percevoir, là aussi, la grande lumière, à condition que nous soyons vigilants et persévérants.
Nous avons tous besoin d’Amour pour vivre et voir clair, par conséquent nous avons tous besoin de lumière.

Ma conclusion temporaire, bien sûr, pourrait bien s’arrêter là. Cependant, quelque chose me taraudait, de nouveau, … comme une certitude inconsciente qui se chevillerait en moi … trois symboles surgis du petit prince … « le désert », « le vent », « l’eau » … sorte de piliers indispensables au changement de plan de conscience … je fouinais, alors, dans notre référence égyptienne. J’eus la stupéfaction de lire que la « plume » (symbole du vent), le « trait ondulé » (symbole de l‘eau), « le cube de pierre» (symbole du désert) était la racine du nom « Anubis »… le passeur des mondes … personnage important, personnage clef du mythe Osirien … mais je n’ai pu aller plus loin … car je ne sais, encore, ni lire ni écrire …
***
Quelle belle étude (et d'une soeur Apprentie , s'il vous plait...) qui fait honneur à notre Ordre .
Merci Cannelle...
Amitiés fraternelles à tous et toutes , Profanes comme Maçons. BREIZH.

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